Quand les jeux de cartes et de sociétés deviennent des jeux vidéo
Les jeux évoluent avec leur temps. Que ce soit les jeux de cartes ou de sociétés, de nouvelles versions de nos jeux préférés sortent régulièrement. Parfois, c’est le processus plus que le contenu qui est transformé, la manière de jouer aux jeux plus que le contenu en lui-même.
Les cartes sont un des jeux les plus vieux de l’humanité. Avant même d’être un jeu, ils servaient avant tout d’outils divinatoires. Des instruments ésotériques pour lire l’avenir. Transformé pour devenir le jeu de cartes traditionnel, celui-ci aussi a évolué tant dans son contenu que dans la manière de jouer. C’est un peu le propre du jeu vidéo, s’inspirer de la vie pour tenter de reconstruire des schémas de jeux de façon vidéoludique. Jetons donc un regard sur cette tradition tenace du jeu vidéo.

Pong est le premier vrai jeu vidéo inspiré d’un sport
Le Jeu vidéo, copier pour mieux jouer
La promiscuité entre jeux en général et jeux vidéo commence dès les balbutiements du jeu vidéo. Bertie the brain, une machine de plusieurs mètres de volume, jouait au morpion en 1950. Plus tard, Pong, un des premiers jeux vidéo à succès, est ainsi un mélange de tennis et de ping-pong. Aujourd’hui, les jeux les plus populaires sont souvent des simulations de sports. Mais il existe aussi un autre pan du catalogue vidéoludique qui s’intéresse aux jeux de sociétés et aux jeux de cartes.
Si le solitaire est d’ores et déjà connu de tous sur les ordinateurs, et ce, depuis des décennies, le jeu de cartes offre bien d’autres possibilités. Magic the Gathering, est un des pionniers de cette nouvelle façon de jouer aux cartes. Avec un principe différent, des figures totalement transformées, il a bâti son propre système de jeu que l’on nomme des « deck building ». Le principe est assez simple sur le papier, plusieurs branches de cartes font des effets particuliers. Le premier principe est de sélectionner des cartes afin de constituer un ensemble cohérent afin de battre l’adversaire. Forme de bataille en beaucoup plus complexe, c’est ce style qui a inspiré le jeu de cartes YU-Gi-OH ou encore Pokémon.
Après avoir adapté le jeu de cartes que tout le monde connaît, les développeurs se sont mis à adapter des anciens jeux avec le succès que l’on connaît. Pokémon se décline ainsi en jeu de cartes. Rien d’étonnant quand on sait que le principe même de ce jeu vidéo a été pensé comme un jeu de cartes. Elles sont simplement camouflées derrière des animations.
Une autre façon de jouer
Plus que le contenu, qui est aujourd’hui assez facilement codable avec la puissance des machines actuelles, c’est le procédé de jeu qui change vraiment.
Contrairement à une partie de cartes lambda, il n’y a aucun contact avec les adversaires. Impossible, donc, d’observer un concurrent pour deviner ses intentions. Quand des joueurs professionnels sont à une table de poker, le jeu est autant sur le tapis qu’autour. Anticiper avec soin les mains de poker des adversaires devient un pan entier du jeu auquel on s’adonne. Face à notre ordinateur ou notre écran, seule la stratégie pure compte. D’autant plus si l’on joue contre une intelligence artificielle intégrée dans le jeu.
Le contenu est ainsi identique, mais le vécu du joueur est totalement différent. Et c’est justement ce qui offre une telle popularité de cette façon de « jouer ». Reprenons l’exemple d’un match de football. La simulation offre une certaine immersion, sans les désagréments physiques qui l’accompagnent. Si le corps est engagé, l’effort demandé n’a absolument rien à voir avec la pratique du football en condition réelle.
Il en va de même pour un joueur de cartes professionnelles ou pratiquant assidûment son jeu. Si les joueurs professionnels de poker s’entraînent de nos jours comme de véritables athlètes, c’est bien parce que la condition physique est un élément essentiel de la performance.
Si à haut niveau, il en est de même pour le jeu vidéo, la performance physique n’est pas primordiale dans le jeu. La performance physique n’est pas forcément synonyme de rapidité ou de force, les jeux de l’esprit aussi sont déterminés par la condition physique du joueur. Bien dans son corps, bien dans sa tête comme le dit l’adage.
Une réalité accessible depuis le canapé
Le jeu vidéo offre donc la possibilité, avec les technologies de plus en plus puissantes, de presque parfaitement dépeindre un sport, un jeu. Que ce soit par l’ambiance, par les mouvements même ou tout simplement en calquant parfaitement le contenu en forme numérique. Les versions digitales de jeux très connus comme le Monopoly demeurent très proches de la version originale. Seul le média change. Ça, c’est, si bien entendu, tous les joueurs jouent dans la même pièce. Car c’est la distance qui demeure la plus grande faiblesse du jeu vidéo qui ne saurait être aussi immersif que le réel par définition.

Mais c’est aussi sa force. Pouvoir participer à un tournoi de cartes ou se mesurer à d’autres sur des simulations de sports tout en restant au chaud au fond de son canapé est grisant.
Cette demi-réalité est ainsi bien plus accessible. Qui peut prétendre jouer au vélodrome ? Peu de gens, mais dans la réalité virtuelle du jeu vidéo, c’est possible. Mais, bien sûr, rien ne remplace l’expérience sensorielle et c’est ainsi que des tournois de Pokémon, de Magic The Gathering, ou de jeux de cartes plus traditionnels sont toujours organisés en présentiel. Et ce, malgré l’avancée de la technologie et de la réalité virtuelle.