Sylvie Laroche explique comment la médiation culturelle favorise l’intégration des migrants
En France, les communautés d’accueil recherchent des moyens nouveaux pour répondre aux flux migratoires. Des solutions créatives sont mises au point pour renforcer les capacités d’intégration. Par exemple le recours à des médiateurs culturels. Sylvie Laroche Armee du Salut, ancienne directrice, nous en dit plus sur ce métier.
Qu’est-ce que la médiation culturelle ?
La médiation culturelle consiste en une tierce partie qui sert de médiateur entre les migrants nouvellement arrivés et les autorités. Sylvie Laroche Armee du Salut explique que cette médiation culturelle permet de faciliter la traduction et la compréhension de la culture du pays d’accueil (la culture étant ici comprise comme l’ensemble des pratiques et des croyances qui, chez les membres d’un groupe particulier, distingue un groupe des autres.
Comment les médiateurs culturels peuvent-ils aider ?
Les médiateurs culturels peuvent aider à :
- accroître la qualité des services aux migrants dans les domaines de l’accueil (y compris l’identification et l’enregistrement) et de l’intégration, en aidant les migrants à obtenir un logement et des soins de santé.
- agir comme un « pont » entre des personnes de deux cultures différentes, en fournissant des traductions et en aidant à interpréter les normes et les concepts culturels aux migrants nouvellement arrivés.
Bien que la médiation culturelle puisse être exercée comme une profession spécifique soumise à une formation, les médiateurs peuvent être des bénévoles. Sylvie Laroche rappelle qu’ils peuvent être recrutés dans les communautés de migrants ou les diasporas de migrants.
Compétences requises et recrutement des médiateurs culturels
Les migrants ont des besoins très variés en fonction de leur origine, de leur âge, de leur sexe, de leurs compétences et d’autres facteurs. « Les activités visant à soutenir leur accueil varient d’un pays à l’autre » conclut Sylvie Laroche.
Par exemple, en Bulgarie, la majorité des migrants ne souhaitent pas rester, et considèrent la Bulgarie comme un pays de transit : leurs besoins contrastent avec ceux des migrants en cours de réinstallation permanente et qui souhaitent investir dans leur intégration à long terme dans leur nouveau pays d’accueil. Il est donc difficile d’avoir une description unique des médiateurs culturels. Il existe cependant des compétences communes requises.
- Une bonne connaissance des deux langues et des codes culturels entre lesquels la médiation est effectuée, et des compétences de communication adéquates ;
- Etre capable de travailler avec des personnes vulnérables, faire preuve de sensibilité culturelle, de respect et d’empathie ;
- Faire preuve de patience, de flexibilité et de tolérance ;
- Maintenir la confidentialité à tout moment, en particulier compte tenu de la nature sensible des informations relatives aux demandes d’asile ou aux besoins de santé des bénéficiaires ; et
- Etre capable de faire face au stress émotionnel et de gérer les conflits. Les médiateurs sont souvent des migrants qui ont eux-mêmes fui la violence, la persécution et subi un traumatisme psychologique.
Professionnalisation ou bénévolat ?
En France et en Italie, le médiateur culturel existe en droit en tant que profession reconnue. En Italie, il est possible de suivre un cours organisé par les autorités locales ou les régions, le plus souvent gratuitement, afin de se qualifier en tant que médiateur culturel. Les universités italiennes ont commencé à proposer des masters dans ce domaine.
Le rôle de médiateur culturel a également été qualifié de « poste d’aide au nouvel essor ». Cependant, il n’existe toujours pas de programme d’études standard parmi les institutions et l’organisation de l’enseignement.
L’importance des bénévoles selon Sylvie Laroche Armee du Salut
Malgré la tendance dominante à la professionnalisation, les réalités de nombreux acteurs de la société civile font qu’ils opèrent dans un contexte de ressources financières et humaines limitées. « On dépend fortement du soutien des bénévoles locaux dit Sylvie Laroche Armee du Salut.
Une solution pragmatique à envisager serait donc de former des volontaires pour remplir le rôle combiné d’interprète et de médiateur culturel. Les volontaires qui sont eux-mêmes des migrants ont une compréhension unique des besoins des nouveaux arrivants. Ils peuvent également transmettre des messages positifs sur les migrants et les migrants, contribuant ainsi à améliorer la façon dont ils sont perçus par les communautés d’accueil.